Hommage aux Poilus à Saint-Gence : lecture de lettres et conférence avec Michel Kiener
La Commission Communication de la municipalité de St-Gence a proposé vendredi 9 novembre, une séance de lectures publiques de lettres de Poilus. Ces lectures étaient illustrées avec des projections de photos, de films, de documents de l'époque. Les participants ont écouté avec une grande attention ces textes choisis qui montraient l'horreur et l'inutilité de cette guerre. Ce fut "une immonde boucherie débouchant sur un grand rien".
Les Poilus étaient parfaitement conscients qu'ils vivaient l'invivable, "l'inracontable". D'ailleurs après le retour des survivants à partir de 1919, pour l'immense majorité s'ils ne parlèrent plus de ce qu'ils avaient vécu, c'est parce qu'une chape de plomb voulue par l'Etat et les militaires les en empéchèrent. Seul le discours officiel faisant état d'une "grande victoire", de patriotisme, de vaillance extrême, de sacrifices glorieux était de mise ... Et il le resta pendant de nombreuses dizaines d'années, occultant la vraie réalité de cette guerre.
Huguette Valade, Janine Mérigaud, Marie-Claire Dupic, Franck Bernard, Roger Mérigaud, Arnaud Chevreuil, Jérôme Permingeat, Thierry Pironnet, Jean-Luc Dufour, avec la voix "off" de Julie Barinotto ont su faire partager ces émotions chacun à sa manière. Ce sont 19 courriers (lettres ou cartes postales) qui ont été présentées pendant cette soirée.
Puis l'historien Michel Kiener a captivé l'auditoire avec sa maîtrise approfondie de l'histoire à laquelle il sait ajouter son désir de transmettre ses connaissances. Il a souligné la qualité de la présentation proposée par les lecteurs de St-Gence et a su prolonger les lectures choisies en faisant partager sa haine de la guerre. Et comme il l'écrit dans son livre "Nous étions des hommes malgré la guerre, 1914-1919", "... que chacun puisse comprendre pourquoi les pères et les grands pères, coupables d'avoir survécu au grand massacre, ont si peu ou si pauvrement parlé de leur guerre. Une guerre que, dans leur immense majorité, ils ne voulaient pas faire. Mais qu'ils ont faite, parmi les rats et les cadavres, pelle et fusil en main des mois durant, la peur au ventre."